Native de l’île de la Réunion, j’y ai vécu jusqu’en 1991.

C’est à la lecture de « L’éducation sentimentale » de Flaubert, à l’âge de 15 ans, que m’est venu le désir de jouer. Je ne peux pas donner de raison concrète à cela, sinon l’envie de dire les mots d’un autre, l’envie de m’effacer pour laisser place à une autre, enfouie en moi, dont j’irai à la recherche.

Un désir profond qui m’a fait quitter l’île et entrer au Conservatoire National de Paris en 1995.
Période pendant laquelle j’ai eu l’occasion de travailler des rôles tels que Nina de « La Mouette » de Tchekhov, « Phèdre » de Racine, « Bérénice » de Racine, Ysé du « Partage de Midi » de Claudel, Ophélie de « Hamlet » de Shakespeare.
Au Conservatoire, j’ai fait la belle rencontre de Jacques Lassalle, metteur en scène à l’esthétique subtile et émouvante, souvent dans les non-dits.
Une autre expérience m’a marquée à cette époque : les cours de cinéma de Philippe Garrel. Cours auquels j’assistais avec assiduité et qui me mettaient au plus proche de l’intime. Secrètement, j’aimais être filmée, regardée, car cela me permettait d’être moins emphatique qu’au théâtre.
Après le Conservatoire, j’ai joué dans les spectacles de Roger Planchon et de Peter Brook, qui m’ont appris beaucoup sur la vie, autant que sur le théâtre. Grâce à deux longues tournées avec eux; j’ai pris goût aux voyages.

Avec Roger, mon père de théâtre, Molière m’est devenue plus familier (je jouais Elise dans son Avare). Et grâce à Peter, Shakespeare est devenu mon indispensable, essentiel dans ma vie. (Je jouais Ophélie dans son Hamlet)
J’ai joué également « Elle », moyen-métrage du coréen Jihong Joo. C’est une expérience qui m’a apporté beaucoup de joies. Le rôle d’une jeune fille, rebelle et pauvre, vendue par son père, m’a assuré de mon envie de plus en plus forte de faire du cinéma.

Le jeu sous toutes ses formes me nourrit mais ce n’est pas l’essentiel. J’attache une importance particulière à la musique, la peinture et la poésie.
Comme il m’est assez difficile de me présenter, je préfère le faire en tissant ici tout un réseau d’artistes qui m’émeuvent et qui constituent mon univers artistique quotidien. Ce sont eux qui maintiennent en moi l’envie.
En musique, j’admire Mozart et Scriabine, mais j’écoute plus volontiers du rock, du jazz, du rythm’n’blues et de la soul. Ma discographie idéale est constituée en vrac et en oubliant beaucoup de The Beatles,  Patti Smith, Black Sabbath, Bob Dylan. Et plus proche de moi, ce serait, The Strokes, Jack White,  Kendrick Lamar, Eminem, Neurosis, Skinny Puppy, Nirvana, PJ Harvey, Fiona Apple, Tricky, Dälek, P.H.O.B.O.S., Queens Of The Stone Age, Alice In Chains et Michael Jackson. Le jazz, le rythm’n’blues et la soul me procurent de la joie : Miles Davis, John Coltrane, Chet Baker, Otis Redding, Leela James, Ms. Dynamite, Thelonious Monk, Donny Hathaway tous les bluesman en général ainsi que les chanteuses de jazz; Billie Holiday en tête.
Outre écouter de la musique, mon temps libre se passe le plus souvent dans les salles obscures. En France, j’aime le travail de Philippe Garrel, Leos Carax, Raphaël Nadjari, Claire Denis, Tony Gatlif,  Abdellatif Kechiche, . Et à l’étranger, de Lodge Kerrigan,  Abel Ferrara, Wong Kar-Wai, Kiarostami, Keren Yedaya, Amos Kollek, Yash Chopra, Hong Sang Soo, Les frères Safdie, Michael Haneke..
Les réalisateurs qui me font rêver mais qui ne sont plus là : Carl Th. Dreyer, Pasolini, Murnau, Satyajit Ray, Mizoguchi, Cassavetes, Mankiewicz, Hitchcock, Chaplin et Bergman, Bresson, et Tarkovski.

Lorsque je ne joue pas, je profite pour lire de la poésie, des autobiographies d’artistes, des correspondances, et des ouvrages de saints. Je me régale également des œuvres de Van Gogh à Orsay, des expositions d’œuvres de Velásquez, Botticelli, Nicolas de Staël, Masaccio, Fra Angelico, Egon Schiele, Francis Bacon et Lucian Freud.

Ce qui est agréable avec ce métier, c’est qu’il offre suffisamment de temps libre pour se nourrir de la vie, des pays que je parcours, des textes que je dis et lis, des gens que je rencontre lors des déplacements. Être comédien, c’est faire un bout de chemin en soi, avec l’indispensable relation aux autres. En n’oubliant jamais que ce métier est aussi fait de passages à vide, mais d’un vide essentiel.

 

 

 

 

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