Mise en scène de Marie-Louise Bischofberger
Septembre 2006-décembre 2006
En avril-mai 2006, a été joué à la maison de la culture de Bobigny (MC93) le poème de William Shakespeare traduit par Yves Bonnefoy et mis en scène par Marie-Louise Bischofberger. A Bobigny, il était interprété par Rachida Brakni et Pascal Bongard.
Rachida ne pouvant assurer la tournée, Marie-Louise Bischofberger a fait appel à moi pour reprendre le rôle de Lucrèce.
Nous avons commencé les répétitions le 18 septembre, pour une durée de 3 semaines. Tout, dans ce projet, m’a d’emblée enchantée et portée. La rencontre artistique et humaine avec Marie-Louise et Pascal Bongard m’a tout à coup donnée la confiance qui, jusqu’alors m’avait manquée dans mon métier de comédienne.
Et bien entendu l’expérience autour du viol, d’un point de vue du violeur (Tarquin joué par Pascal) et de la victime (Lucrèce). Le point de départ de Marie-Louise pour l’approche de ce thème fort délicat est le film de Martin Scorsese « Who’s that knocking at my door? ». Elle a ensuite beaucoup lu et m’a fait lire de nombreux ouvrages tels que « King Kong Théorie » de Virginie Despentes, « The trouble with blame » de Sharon Lamb, « Real rape » de Susan Estrich, « Tess of the D’Urbervilles » de Thomas Hardy.
A travers la longue plainte de Lucrèce qui mène à son suicide, Marie-Louise a mis l’accent sur l’impossibilité pour Lucrèce de survivre à l’agression. Et du suicide comme acte de liberté deséspéré sur son propre corps.
Le travail a été intense et passionnant. Toujours sur un fil, nous ne nous sommes, qu’à travers les déplacements, inspirés de la 1ère version. Marie-Louise, Pascal et moi travaillions dans une alchimie totale où la pensée fut assez peu permise; nous ne disposions que de 3 semaines!
Il nous a fallu aller tout de suite au coeur de l’émotion, dans un certain abandon et une confiance mutuelle. Sans trop réflechir.
La tournée de 21 dates est passée par Colombes, L’île de la Réunion, Toulouse, Tarbes, Perpignan, Chartres, Cherbourg, Ludwigschafen (Allemagne), Le Luxembourg, Bourges.
Le viol de Lucrèce reste dans mon coeur le travail qui m’a le plus comblée artistiquement, humainement et spirituellement.
août 6, 2008 at 12:50
Bonjour
J’ai eu la chance de voir et d’entendre dans notre bonne ville de Rennes The rape of Lucrecia dans la version lyrique de Benjamin Britten, dans une mise en scène splendide Stephan Grögler. Britten écrit cet opéra en 1946 et en fait une allégorie du mal dont effectivement les victimes du nazisme aussi ne peuvent pas se défaire. Le viol comme expérience tragique (pour les deux protagonistes avec des degrés et manifestations différentes) y est pourtant traité sans détour.
Votre site est sympa et bien fait.
Cordialement
Yvon Le Caro